L’eau, la vie le développement humain, livre bleu Sénégal

L’agglomération dakaroise devrait dépasser les 3 millions d’habitants d’ici 2015. Ces deux données fondamentales soulignent le caractère urgent des investissements à réaliser en zones rurales comment en zones urbaines pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans le secteur de l’eau et l’assainissement. Les ressources en eau Le Sénégal dispose globalement de ressources en eau suffisantes pour l’alimentation des populations. La diversité des ressources en eau permet d’exploiter les eaux de surface ou les eaux souterraines (c’est notamment le cas de l’alimentation de Dakar). À l’exception de l’est et du sud-est du pays (Bakel, Tambacounda, Kédougou), les ressources en eau souterraines sont disponibles dans des quantités suffisantes, même si par endroits leur mobilisation nécessite des forages profonds et si la qualité pose problème (niveaux de fluor et de salinité élevés dans toute la partie centrale du pays).

 

La péjoration climatique de ces dernières années, combinée à la surexploitation de la ressource, a engendré par endroits (ouest du pays) la baisse des nappes phréatiques (avec parfois des prélèvements dépassant les capacités de renouvellement) et des intrusions salines marquées dans les basses vallées du Sine Saloum, au niveau des deltas des fleuves Casamance et Sénégal, ainsi que de la Grande Côte (zone des Niayes). D’autre part, les nappes superficielles sont, par endroits (notamment dans la région de Dakar), polluées par des rejets liés au déficit d’assainissement (bactéries, produits chimiques, métaux lourds, nitrates).

La quantité d’eau disponible ne constitue donc pas un problème en soi, mais la qualité de la ressource et le coût de sa mobilisation constituent des préoccupations majeures.

L’assainissement
L’assainissement reste une problématique majeure du secteur. En milieu urbain, sur les 21 centres urbains qui ont un plan directeur d’assainissement, 6 disposent d’un réseau collectif et des réalisations sont prévues dans 9 autres. Il faut cependant souligner que les réseaux collectifs réalisés ne couvrent qu’une faible partie des usagers urbains – environ 100 000 ménages sur l’ensemble du Sénégal, dont la très grande majorité réside à Dakar (85 000). Le reste des usagers a accès à un assainissement de fortune non conforme aux normes édictées par l’OMS. La progression du taux d’accès est actuellement faible et inférieure aux prévisions, ce qui constitue aujourd’hui une préoccupation majeure.

En milieu rural, l’assainissement est en grande part autonome et le taux d’accès « approprié » est faible (26,2 %). Un tiers des ménages ruraux (31,3 %) ne dispose d’aucun système d’assainissement adéquat. La majorité des latrines sont « traditionnelles » et financées directement par les ménages. Les latrines dites État des lieux « améliorées », subventionnées en grande partie par des projets, sont plus rares. L’État a défini un « paquet » technique pour l’assainissement, mais son coût est élevé par rapport aux revenus des ménages ruraux. Ceci constitue un handicap à l’accroissement 3 État des lieux Les défis à relever Les chantiers… La coordination du secteur et le rôle du PEPAM À partir du début des années 2000, des efforts considérables ont été faits pour coordonner le secteur, mieux planifier et améliorer la circulation de l’information entre les acteurs. Ce mouvement a abouti à la mise en place du Programme Eau Potable et Assainissement du Millénaire (PEPAM) qui a pour mandat de définir un programme d’investissement jusqu’à 2015, de fédérer et piloter l’ensemble des initiatives conduites sur le territoire national, de répartir les rôles et les responsabilités entre ces différentes « agences d’exécution » et enfin d’organiser des revues sectorielles annuelles réunissant les parties prenantes. Force est cependant de constater que le caractère étatique et opérationnel de ce dispositif ne suffit pas à promouvoir une concertation large des acteurs. Le secteur souffre donc du manque d’un cadre de consultation et de concertation véritablement paritaire. La société civile La société civile est très active au Sénégal, et s’implique dans l’eau potable et l’assainissement à travers trois types d’acteurs : • Diverses ONG financent l’accès à l’eau et à l’assainissement, renforcent les capacités à la base en matière de gestion des ouvrages et expérimentent des approches et des procédés techniques. Elles interviennent sur l’ensemble du territoire, particulièrement dans les zones défavorisées (habitat dispersé ou spontané, zones éloignées et enclavées, etc.). Cependant, l’insuffisance de communication entre ONG et État limite la prise en compte de leurs actions dans les données et statistiques nationales et réduit leur implication dans la planification. • Deux associations actives au niveau national (une spécialisée sur les services publics, l’ADEETELS et l’autre plus généraliste, l’ASCOSEN) siègent au Comité de pilotage du PEPAM. De par leur histoire, ces associations sont plus à même de défendre les consommateurs urbains, qui reçoivent leur service d’un opérateur privé. • Des Associations d’Usagers de Forages (ASUFOR) jouent un rôle fondamental dans le secteur de l’hydraulique rurale, puisqu’elles assurent l’exploitation du service public de l’eau potable à l’échelle de plus d’un millier d’adductions d’eau potable. Certaines ASUFOR s’organisent et se regroupent en fédérations afin de renforcer leur pouvoir politique et leurs capacités d’action. C’est le cas de l’Union de Solidarité des ASUFOR du Bassin Arachidier (USABA), de la Fédération du taux d’accès, car la généralisation du « paquet » technique ne peut se faire sans subventionner massivement les ménages.

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