Assainissement mécanique autonome dans les grandes villes africaines Etude de cas : Dakar

Cette croissance démographique est largement influencée par l'exode rural soutenu dirigé vers Dakar et surtout sa banlieue, particulièrement dans la ville de Pikine (Communes Pikine et Guédiawaye), dont la population a augmenté de manière vertigineuse ces 40 dernières années. La ville de Pikine est devenue aujourd'hui le premier ensemble urbain de la Région de Dakar avec ses 1 096 830 habitants.

L'exode rural, conséquence de plusieurs années de sécheresse, a entraîné une urbanisation anarchique de la Capitale. Ces quartiers non urbanisés (accès très difficile, manque de voies d'accès, non accès à l'eau potable et à l'assainissement) qui intéressent notre étude, ont pour seul recours l'assainissement autonome.

La démarche utilisée dans cette enquête a été d'abord de cibler un certain nombre de quartiers non ou faiblement desservis par le réseau d'égouts de l'ONAS, et de recenser les entreprises de vidange opérant dans le secteur. Par la suite on s’est intéressé aux quartiers où le réseau d'assainissement est complètement absent.

L'étude sur les ménages a montré que près d'un tiers des maisons étudiées abritent de 4 à 10 personnes. La grande majorité des maisons compte entre 11 et 22 personnes. Et il existe une proportion non négligeable de maisons très peuplées qui ayant plus de 22 personnes.

La population moyenne d’une maison étudiée s’élève à 13 personnes par maisons, ce qui est supérieur à la moyenne nationale (qui est d'environ 10 personnes par logement).

Le niveau de vie des ménages étudiés reste peu élevé et proche de la moyenne nationale, avec les faibles pourcentages des moyens de locomotions.

L'assainissement des déchets liquides des maisons, en l'absence de normes préétablies en matière d'assainissement autonome, reste à l'appréciation des populations.

Toutes les maisons visitées ont des fosses qui récoltent les eaux des latrines et de la douche. Elles sont souvent construites dans la concession, à l'écart du bâtiment pour éviter l’affaissement de celui – ci. A Yeumbeul (Ville de Pikine), la plupart des fosses sont réalisées à l'extérieur de la concession (ce qui constitue un gain d'espace ; bien que cette pratique soit interdite par les services de l'Urbanisme).

Environ du tiers des maisons visitées, la vidange des fosses est faite par des camions vidangeurs qui constituent le moyen le plus commode pour les familles qui ont les moyens ou ne disposent pas de beaucoup d’espace pour enterrer les produits de la vidange. Les deux tiers continuent à faire la vidange manuelle ; c'est le cas des familles à moyens très limités ou difficile d'accès par les camions vidangeurs ; et 17 maisons, la vidange mixte (camions et manuelles) selon les moyens du moment.

Le prix de la vidange (mécanique ou manuelle) varie entre 10 000 et 30 000 francs CFA. Les prix pratiqués par les ONG et Communes étant beaucoup plus attractifs.

Pour la grande majorité des maisons visitées la taille des fosses varie entre 6 et 18 m3. La taille moyenne des fosses étant proche de 12 m3.

Il ressort de la présente étude que la fréquence des vidanges dépend de la taille de la fosse, du nombre de personnes dans la maison, du mode de vidange (vidange mécanique : avec hydrocurage ou non, manuelle) mais aussi les dispositions prise dans celle – ci : à usage exclusive des eaux usées des latrines et des douches, les eaux usées ménagères (cuisine, lessive) étant déversées dans la rue.

L'enquête a permis de recenser 27 entreprises et autres structures de vidange mécanique (hormis les camions des communes d'arrondissement et ex – CUD : Communauté urbaine de Dakar) avec généralement un statut de type GIE ou particuliers non formels, Les structures enquêtées mobilisent un total de 73 camions. Cette liste est loin d'être exhaustive.

Seules les entreprises SNIC et GEAUR collaborent( avec l'ONAS (Office Nationale d'Assainissement du Sénégal).

L'évacuation des boues de vidange se fait à Station de Hann contre versement d’une redevance de 100 francs par m3. Situé dans la zone industrielle de Dakar, la station de Hann est en réalité un bassin de décantation relié, par une station de pompage (propriété de l'ONAS), au Canal IV qui se déverse à la mer. La Station de avait été construite par la défunte Communauté Urbaine de Dakar et avait pour but d'empêcher que les camions de vidange ne déversent leur contenu n'importe où dans la nature. Après la disparition du CUD, la gestion de la station a été confiée à la Commune d'Arrondissement de Hann – Bel Air. La station souffre d'un sérieux problème de maintenance : le bassin est fissuré par endroit, la plupart des dalles qui couvrent les fosses de la station de pompage ont disparu.

On note cependant des déversements clandestins dans les égouts de l'ONAS, dans les zones marécageuses, et dans les canaux à ciel ouvert. Ou bien les boues de vidange sont revendues aux horticulteurs. Bien que le déversement clandestin soit réprimé par des amendes voire même des emprisonnements en cas de flagrant délit. En réalité cette répression n'est qu'une simple menace. Aucun des camionneurs interviewés n'a été en prison pour ce genre de délit.

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